Montréal, le vendredi 16 juin 2017
M. Denis Coderre,
Je souhaite, par la présente, porter à votre attention une situation particulièrement problématique récemment révélée dans un article du Devoir. Le quotidien a publié, le jeudi 15 juin, sous la plume de la journaliste Sarah R. Champagne, un article intitulé : « Formule E: un commerce forcé de fermer durant trois jours ». Ce qui est relaté dans l’article est tellement inconcevable que j’ai personnellement appelé le propriétaire de cette entreprise familiale, M. Alexander Meletakos, pour en avoir le cœur net.
L’article de Mme Champagne met en lumière une situation extrêmement problématique, soit le fait que cette vénérable institution n’a appris que la semaine dernière qu’elle devra fermer ses portes pendant les trois jours que durera le Grand prix de Formule E. Par ailleurs, votre administration semble incapable d’offrir quelque compensation raisonnable que ce soit pour les pertes de revenus qu’encourera la poissonnerie La Mer. Vous avez pourtant trouvé 24 millions de dollars pour la Formule E, sans compter la caution offerte à l’organisateur de l’événement, sous la forme d’une marge de crédit de 10 millions.
Vous le savez, M. Coderre, Projet Montréal a à cœur le développement économique et commercial, qui fait d’ailleurs partie de nos priorités. Les commerçants subissent déjà trop souvent des hausses de taxes et les contrecoups de travaux. Ils n’ont pas à se faire empêcher l’accès à leur commerce au cours des événements. Au contraire, les commerçants devraient pouvoir tirer profit des événements et non en faire les frais.
La poissonnerie La Mer n’est pas la seule victime du manque de planification et de l’improvisation de votre administration et du promoteur dans ce dossier. L’institution est d’abord et avant tout un fournisseur de produits de la mer de grande qualité, qui fait affaire avec de grands chefs de la région montréalaise. Ce n’est pas seulement un commerce qui est affecté par la décision de couper l’accès à la poissonnerie La Mer, mais bien des dizaines de commerçants qui seront touchés.
Ce qui a été proposé à M. Meletakos comme « solution » est franchement inacceptable. Offrir à la poissonnerie la possibilité de vendre ses produits dans son propre stationnement – alors qu’elle ne fait à peu près pas de prêt-à-manger –, tout en étant en compétition avec des camions de cuisine de rue, c’est rire du commerçant. J’aimerais vous rappeler, M. Coderre, que la poissonnerie La Mer est pratiquement le seul commerce qui existe dans ce coin de la ville. J’aurais cru qu’il aurait eu droit à plus de respect et de considération de votre part.
En terminant, je m’explique mal pourquoi Radio-Canada, une organisation subventionnée par le gouvernement fédéral, a eu droit à une compensation alors qu’un commerçant qui contribue au dynamisme économique de Ville-Marie ne s’est vu offrir que des miettes. Je vous demande de bien vouloir négocier sérieusement avec M. Meletakos de façon à trouver une solution pour qu’il ne soit pas pénalisé par la volonté de votre administration de faire vite pour permettre la tenue de la course de Formule E, sans penser aux conséquences.
Avec mes salutations les plus distinguées,
Valérie Plante
Cheffe de l’Opposition officielle à l’hôtel de ville de Montréal